la coopérative COMSA

Au Honduras, les caféiculteurs de la région de Marcala sont les héritiers du peuple Lenca. Bien que leur langue se soit perdue, la plupart des techniques agricoles traditionnelles ont été maintenues. Les producteurs de COMSA pratiquent ainsi l’un des systèmes les plus sophistiqués de production biologique en Amérique centrale. Le modèle de la coopérative COMSA a fait tâche d’huile et a un impact au niveau national dans la promotion de la caféiculture bio.

pour en savoir +

  • 1/ Pourquoi notre coopérative soutient cette coopérative

    Le café a connu une fulgurante ascension au Honduras. Débutée en 1804 avec des plants importés du Salvador voisin, l’expansion rapide de la culture du café positionne aujourd’hui le Honduras à la place de premier producteur de café d’Amérique Centrale. On dénombre officiellement près de 120 000 petits producteurs, cultivant majoritairement sur des parcelles de 2 à 3 hectares. Néanmoins, cet essor cache des situations d’inégalité et de pauvreté fortes pour les petits producteurs. Le café du Honduras a en effet longtemps été considéré comme du café de faible qualité, principalement destiné au marché de masse et donc payé à un faible prix. De plus, le modèle agricole colombien est fondé sur le système « latifundio-minifundio » : l'accaparement des terres par les grands propriétaires terriens, latifundio, tournés vers une agriculture d’exportation marque le paysage. Cette distribution des terres souvent qualifiée d’immorale repose sur des lois qui sont régulièrement contestées par les mouvements paysans. Ce conflit foncier est à l'origine de nombreuses violences envers ceux qui défendent le droit d’accès à la terre car ces inégalités d'accès à la terre restent l’expression de la volonté politique des “ élites ”. et toutes les tentatives de réforme agraire qui envisageaient une redistribution de la terre ont échoué. Enfin seul 15% des petits producteurs arrive à vendre directement leur café à des exportateurs, sans passer par des intermédiaires et ils sont encore moins à pouvoir l'exporter directement comme le fait notre partenaire, la coopérative COMSA. La grande majorité des petits producteurs sont isolés et contraints de vendre leur café à un prix dérisoire. Cette totale dépendance aux intermédiaires est liée à la disparition des groupements de producteurs. Les organisations paysannes, nées de la grève contre les compagnies bananières en 1954, étaient très présentes jusqu’à la crise du café de 2001. Suite à la chute des cours de cette matière premières, les coopératives ont plongé dans une spirale d’endettement allant jusqu’à leur dislocation et laissant les producteurs isolés et sans pouvoir de négociation. C'est dans ces conditions difficiles et suite à l'éclatement de la plus grosse coopérative de la région de Marcala que 60 producteurs (12 femmes et 48 hommes) se sont unis pour faire émerger la COMSA : un nouveau modèle coopératif, basé sur l'exportation direct de café équitable et bio.
  • 2/ Les valeurs que nous partageons

    " Nous sommes l'aboutissement du projet de producteurs qui rêvaient d'une vie différente, une vie meilleure avec des enfants instruits et une grande solidarité au sein de la communauté. " Rodolfo Peñalba - Gérant de COMSA Partie d'une petite communauté d'insoumis, COMSA a réussi à créer une coopérative aux membres soudés. Née en 2001 au sud-ouest du Honduras, l’organisation paysanne a enclenché une véritable révolution dans la production de café du pays. La coopérative n’a cessé de s'agrandir et compte aujourd'hui 1450 membres, dont 120 employés permanents et 250 saisonniers. Avec une production de 10 000 tonnes de café en 2020 et une exportation directe dans plus de 20 pays, COMSA est une organisation de producteurs indépendante, bien loin des circuits classiques que l'on connaît dans le marché du café. La coopérative prône des valeurs fortes et partagées entre tous ses membres parmi lesquelles : - la responsabilité : la conscience que dans chaque engagement il y a une conséquence - l'équité : l'opportunité pour tous d'accéder aux mêmes services - la fidélité : l'engagement à défendre ses convictions de manière cohérente et dans le respect des valeurs, principes et finalités énoncés - la transparence : rendre des comptes sur la gestion de la coopérative à tous ses membres, notamment sur l'utilisation des ressources financières. Une autre valeur que nous partageons est l'engagement vers une bio « agro-écologique », allant au-delà des critères de la certification biologique. La COMSA décide dès sa création d'arrêter l'utilisation d'engrais chimiques très chers et de pousser au maximum le modèle d'agriculture biologique, basée sur leurs propres méthodes agro-écologiques et de bio-fertilisants naturels. Le modèle qu'ils ont inventé en association avec des universitaires engagés se base sur 5M : Micro-organismes de montagne, Molécules vivantes, Matière organique, Minéraux et Matière grise. Ce modèle est notamment à la base des biofabricas, des unités locales de fabrication d’intrants biologique produits à moindre coût par les producteurs.
  • 3/ Leur terroir & leur savoir-faire

    Marcala est une municipalité du département de la Paz, située dans une zone montagneuse difficilement accessible. Les parcelles de café se situent entre 1300 et 1500 mètres d'altitude. Avant la tristement célèbre "crise de la Rouille" de 2012-2013, les principales espèces de caféiers étaient le Catuai, le Pacas et le Caturra. De nos jours, les producteurs cultivent des espèces plus résistantes comme le Typica une variété qui s'est particulièrement bien adaptée au climat et à l'altitude de cette région. À contrario de la mauvaise réputation des cafés honduriens et grâce au grand savoir-faire des producteurs, caféiculteurs depuis plusieurs générations, Marcala est aujourd'hui reconnue pour produire un des meilleurs cafés du monde. Soucieux de protéger et de faire reconnaître les qualités de leur café, la COMSA, soutenue par l'Institut hondurien du café (IHCAFE) et l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), a obtenu une Appellation d'Origine Protégée (AOP). Les membres de la COMSA utilisent des pratiques biologiques et biodynamiques pour produire. L'organisation ne cesse d'innover sur ces techniques et met un point d'honneur à transmettre son savoir à la communauté et à d’autres coopératives latino-américaines. La Fortaleza est un centre d’expérimentation et de formation en agoécologie et permaculture où sont notamment réalisées les recherches sur les bio-fertilisants (biofabricas). Des producteurs y forment d'autres producteurs aux techniques de compost biologique à base de cerises de café, fumier de vaches, minéraux, cendres et micro-organismes de montagne - des ressources déjà présentes naturellement sur leur territoire. L'accompagnement des producteurs au sein de leurs caféières est assuré par une équipe de 25 agronomes qui sillonnent la zone et les forment à la production de bokashi - un compost à base de matières organiques fermentées qui se dégrade facilement et fertilise les parcelles. Les résultats sont là : le rendement des parcelles et la qualité des grains ne cessent d'augmenter et rivalise avec les rendements de l’agriculture conventionnelle. Le rendement moyen par hectare chez un producteur de COMSA est bien au-dessus de la moyenne nationale et les contaminations sont faibles.
  • 4/ Ce que nous construisons ensemble

    Le collectif est au centre de la démarche de COMSA. Grâce au commerce équitable, les producteurs ont désormais les moyens d'investir concrètement dans des projets pour soutenir leur communauté. COMSA a très vite compris que pour faire perdurer et perfectionner le système en place, l'éducation des générations futures était primordiale. Avec une partie de la prime de développement dans le cadre du commerce équitable, ils ont construit la première école internationale du pays basée sur les méthodes d'éducation Montessori et Doman. A la "COMSA International School", les enfants sont pris en charge dès 6 mois et jusqu'à l'adolescence. Ils apprennent à leur rythme en suivant un processus individuel, guidés par leurs parents et les enseignants. L'indépendance, la confiance et l'autodiscipline sont valorisées, chaque élève réussissant à trouver sa place au sein de la communauté. L'école est également un centre multilingue où sont enseignées 5 langues : Espagnol, Anglais, Français, Allemand et Japonais. Depuis l'ouverture de la première école internationale, 3 écoles rurales basées sur cet enseignement alternatif ont ouvert dans la région. Un véritable projet éducatif qui forme les adultes du Honduras de demain.

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